
Depuis sa première détection en Afrique en 2012 à Djibouti, le moustique Anopheles stephensi, vecteur majeur du paludisme, continue d’élargir sa zone de propagation à travers le continent. Ce vecteur, longtemps associé aux régions urbaines d’Asie, a désormais été repéré dans plusieurs pays africains, dont l’Éthiopie, la Somalie, le Soudan, le Nigéria, le Kenya, et récemment le Ghana. Sa présence croissante suscite des préoccupations majeures quant à l’augmentation des cas de paludisme, notamment dans les zones urbaines où An. stephensi se multiplie rapidement.
En réponse à cette menace, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des partenaires internationaux, dont la President’s Malaria Initiative (PMI) et le Centre de Recherche Entomologique de Cotonou (CREC), ont lancé une série d’initiatives pour comprendre et limiter la propagation de ce vecteur invasif. Selon les prévisions, si An. stephensi continue de se propager, 126 millions de personnes supplémentaires pourraient être exposées au paludisme en Afrique, avec une augmentation attendue de 50 % des cas en Éthiopie.
Initialement confinée aux zones urbaines d’Asie du Sud, An. stephensi a montré sa capacité à s’adapter à des environnements urbains africains. Il est responsable de la transmission des deux formes les plus graves du paludisme : Plasmodium vivax et Plasmodium falciparum. Sa propagation rapide à travers des voies de transport majeures – notamment les ports et les routes commerciales – est un facteur clé de son expansion, rendant sa surveillance et son contrôle d’autant plus complexes.
La première flambée importante liée à An. stephensi a été observée à Djibouti entre 2013 et 2014, où le nombre de cas de paludisme a explosé après l’introduction du moustique. Depuis, plusieurs pays d’Afrique de l’Est ont signalé la présence du vecteur, renforçant la nécessité d’une surveillance accrue et de stratégies de lutte plus ciblées.
Face à l’extension de An. stephensi, l’OMS a mis en place une initiative visant à stopper sa propagation en Afrique. Ce plan d’action repose sur cinq axes principaux : le renforcement de la surveillance vectorielle ; la gestion intégrée des vecteurs ; la compréhension du comportement du vecteur ; la collaboration et la sensibilisation communautaire.
Le Bénin, par l’intermédiaire du CREC, a développé un plan d’action visant à surveiller et à prévenir l’introduction de An. stephensi sur son territoire. Ce plan inclut des mesures de détection précoce et une réponse rapide en cas de présence confirmée de l’espèce. Des stratégies de contrôle adaptées y sont prévues pour limiter la propagation et minimiser les risques de transmission du paludisme.
Bien que les impacts de la propagation de An. stephensi ne soient pas encore entièrement mesurés, les premiers résultats indiquent un risque significatif pour la santé publique en Afrique. À Djibouti, par exemple, l’introduction de An. stephensi a conduit à une multiplication par 36 du nombre de cas de paludisme. D’autres prévisions estiment qu’en l’absence de contrôle, jusqu’à 126 millions de personnes pourraient se retrouver exposées à la maladie.

Le défi reste important en raison de l’absence de données complètes sur la distribution de An. stephensi en Afrique, ce qui rend la surveillance et le contrôle difficiles. Le CREC, soutenu par le PMI, a donc décidé de mettre en place un système de surveillance renforcée pour détecter la présence de ce moustique et élaborer des réponses adaptées.
Le moustique Anopheles stephensi représente un nouveau défi dans la lutte contre le paludisme en Afrique, en particulier dans les zones urbaines où il pourrait favoriser la transmission de la maladie. La collaboration internationale et l’engagement des communautés locales sont essentiels pour limiter sa propagation et protéger les populations vulnérables. Grâce à des initiatives telles que celles menées par l’OMS et le CREC, il est encore possible de contrôler cette nouvelle menace et de prévenir une catastrophe sanitaire à plus grande échelle.